lundi 23 août 2010

Henri Pélicier...


Dieu qui veut sur notre terre la paix et la liberté,
Que tous les hommes soient frères,
dans le Christ leur frère aîné !

Seigneur, Père de tous les hommes,
fais-nous ouvriers de ta paix !
Christ, Sauveur de tous les hommes,
fais-nous bâtisseurs d’amour !

Ce texte, créé sur l’air de « l’hymne à la Joie ». a été composé par Henri : il scandera cette relecture de sa vie, et l’Hymne à la Joie sera joué par Léon CANELLE à la communion. Toute sa vie, Henri a été un grand mélomane.

Henri est né le 14 août 1916 à Meinier Suisse. Mais ses parents et sa famille étaient originaires de Carpentras où il a passé sa jeunesse.

Il fait ses études secondaires au petit séminaire d’Avignon et rentre chez les Oblats en 1934 : c’est le temps où « l’épopée blanche » attire de nombreux candidats chez les OMI. Il fait son noviciat à N. D. de Bon Secours, avec notamment Marcel AYRINHAC et Fernand ESTEVE avec lequel le chemin se croisera souvent. Il prononce ses premiers vœux le 1er novembre 1935. Il est envoyé à Rome où il étudie de novembre 1935 à Août 1938 : licence en écriture sainte.

Pour son service militaire il est envoyé en Orient, au monastère de St Jean de Chonier où il reste jusqu’en 1940. En plus des anecdotes savoureuses sur ce temps « militaire », il gardera un goût prononcé pour le Moyen Orient et ses musiques.


De retour à Lumière, il y prononce ses vœux perpétuels le 2 février 1941 et est ordonné prêtre le 23 mai 1943.

Là où demeure la haine, que nous apportions l’amour !
Là où se trouve l’offense, que nous mettions le pardon !
Seigneur, Père de tous les hommes,
fais-nous ouvriers de ta paix !
Christ, Sauveur de tous les hommes,
fais-nous bâtisseurs d’amour

Sa première obédience en 1944 est pour la province du Midi. Il est affecté au grand séminaire d’Agen, puis en 1946 à celui d’Ajaccio. Sous le supériorat du Père Yves GUEGUEN, il y est Professeur d’Ecriture Sainte. Mais il est aussi (surtout ?) à la Chapelle du Sacré Cœur et à la suite du Père CHOUVELLON, il est durant de longues années aumônier des Ames Vaillantes et des Cœurs Vaillants. Ses qualités d’accueil et de chaleureuse simplicité lui vaudront de nombreuses amitiés durables… et aussi des calomnies qui, à cause de son extrême sensibilité, le rendront malade quelque temps. (Petite note : c’est lui qui accueillera en 1948 le jeune Jean-Pierre BONNAFOUX)

Quand en 1952, le Grand Séminaire d’Ajaccio rejoindra le séminaire interdiocésain d’Aix-en Provence, il accompagnera pendant un an les séminaristes corse à Aix-en Provence. A la fin de cette année, il retourne en Corse où il sera nommé par le Diocèse de Corse responsable du service des Vocations. Ce qui lui donnera de sillonner toutes les routes et chemins de Corse. Armé de son projecteur de cinéma et – entre autres - du film « Monsieur Vincent », il anime des journées de vocations dans les plus petits bourgs de Corse. Là aussi, il s’y fera de nombreux amis : pratiquement tous les prêtres corses, mais aussi de nombreux laïcs qui soutiendront « l’Œuvre des Vocations » et qui lui seront attachés jusqu’au bout.

Ce seront ses plus belles années en Corse… Trop belles ? Il passe l’œuvre des Vocations à l’Abbé Pierre PINELLI et se remet à la disposition de ses Supérieurs pour une nouvelle Mission.

Là où s’attarde le doute, que nous apportions la foi !
Savons-nous que sur la route,
Jésus-Christ marche avec nous ?

Seigneur, Père de tous les hommes,
fais-nous ouvriers de ta paix !
Christ, Sauveur de tous les hommes,
fais-nous bâtisseurs d’amour !

En novembre 1969 il part pour le Cameroun à la Fraternité de Golompwi : Jean LAMY avait créé ce centre de mise a niveau pour candidats au sacerdoce, catéchistes en vue du ministère pastoral peu ou pas scolarisés. Jean LAMY témoigne: « Le Père Henri Pélicier s'est très vite adapté. Homme de foi profonde, il aimait partager avec les jeunes communautés des villages qu'il visitait sur le territoire paroissial. C'était un missionnaire ouvert au dialogue avec tout visiteur, aimant plaisanter à l'occasion. Un grand ami des jeunes, des enfants, des séminaristes qui se sentaient attirés par son accueil. Jo BOIS complète : « nous nous retrouvions tous les dimanches soir à Doukoula. Comme nous, il appréciait ces retrouvailles autour d'une bonne table préparée par le "vieux Jolly" et avec des belotes acharnées qu'il suivait.... de loin! J'ai toujours admiré son esprit missionnaire et sa convivialité fraternelle. Il a été pour moi un modèle d'oblat. ». Puis à partir de 1974 il est au service du petit séminaire de N’Gaoundéré. Il y reste une douzaine d’années.

Là où règnent les ténèbres, que nous mettions la clarté !
Là où règne la tristesse, nous ferons chanter la joie !
Seigneur, Père de tous les hommes,
fais-nous ouvriers de ta paix !
Christ, Sauveur de tous les hommes,
fais-nous bâtisseurs d’amour

En 1987, il rentre en France où il reçoit une obédience pour N. D. de Peyragude. Il en deviendra supérieur et tiendra ce poste jusqu’en août 1992. Durant ces 5 ans, il retrouve l’Agenais et se crée une fois de plus de nombreuses amitiés. C’est durant cette période qu’il est très affecté par la disparition subite de sa sœur Geneviève, dernier membre de sa famille et dont il était très proche. Il n’en parlait pas, mais cette souffrance restait profonde en lui.

Là où grandit la discorde, que nous fassions l’unité !
Là où règne le mensonge, nous mettrons la vérité !
Seigneur, Père de tous les hommes,
fais-nous ouvriers de ta paix !
Christ, Sauveur de tous les hommes,
fais-nous bâtisseurs d’amour !

Il rejoint alors Lumière, puis à compter de 1996 il se dévouera à Vico 11 ans. A 80 ans, il participe surtout à la prise en charge des petites communautés chrétiennes proches du Couvent. Il participe joyeusement à la vie communautaire, souffrant beaucoup de tout ce qui est division dans la Communauté. Il a aimé la Corse et les Corses qui le lui ont bien rendu : l’hymne corse dédié à la Vierge Marie ne pouvait être absent de cette célébration.

En 2007 date à laquelle il rejoint la communauté d’anciens de Lumière. Il fait partie du premier groupe de l’EPHAD St François de Lyon où, quelques mois plus tard, le Seigneur viendra l’appeler.

A Lumières comme à Lyon, il attire naturellement l’affection du personnel de la Communauté de Lumières et de l’EHPAD.


Il a quitté cette terre dans la paix : il avait annoncé sa fin toute proche à Fernand. Dimanche 8 aout, à 4 heures du matin, la veilleuse de nuit passe pour lui apporter des soins habituels, il est bien et il lui parle gentiment. Elle repasse à 4 heures ½ : il nous a quittés ! Il a rejoint ceux et celles qui l’ont précédé auprès du Père.

Avec Toi, Seigneur du monde, nous bâtirons l’avenir,
Dans la paix, dans la justice, et dans l’amour pour toujours !
Seigneur, Père de tous les hommes,
fais-nous ouvriers de ta paix !
Christ, Sauveur de tous les hommes,
fais-nous bâtisseurs d’amour !

dimanche 15 août 2010

Prendre soin de la Personne…. Dans sa totalité !

J’ai l’immense chance de participer au réseau Diocésain de la santé et du social. Ce qui m’a donné l’occasion d’entendre, de réfléchir, de débattre avec les Professeurs Thierry PHILIPP (président du Centre Léon Bérard, son discours au PS est un condensé de ce qu’il nous avait dit aux Assises Régionales Santé/Social) ; Jean Claude MOISDON (Ingénieur, École des Mines de Paris), Paul PERRIN (chef du PAM de chirurgie au Centre Hospitalier Lyon Sud) et plus récemment encore Ghislaine POYARD – BERGER (Psychologue du travail).

Je citerai simplement une phrase du Professeur PHILIP :

Confondre LE SOIN et LA SANTE
est une erreur catastrophique.

LA SANTE dépasse et englobe le SOIN

Pour moi, je le dirai de manière un peu différente :

Prendre au sérieux l’ACTE DE SOIN est important,
mais cela n’a de sens que si l’on choisit
de METTRE AU CENTRE LA PERSONNE SOIGNEE.

Discours théorique qui n’a rien à voir avec notre quotidien ?
Que Nenni !

Grâce à Pierre COURT, dès les années 2005, dans notre Province OMI, nous avons réfléchi sur les droits ouverts pour la personne âgée ou dépendante par la loi KOUCHNER. La « personne de confiance » est devenue dans nos communautés une réalité familière. Elle est inscrite dans la loi pour tout établissement de type hospitalier.

Ici, à l’EHPAD Saint François d’Assise, nous rencontrons très souvent la situation suivante. Un médecin libéral (médecin de référence) passe voir un de ses patients. Si celui-ci est handicapé, il peut très bien tout oublier : qu’il a reçu la visite du Docteur, ce que le Docteur lui a dit (ou ne lui a pas dit !) sur son état de santé, sur la programmation des soins et des visites médicales... D’où ensuite un possible refus de soins, parce que restés non compris. Si quelqu’un de proche (la famille, la famille OMI que nous sommes) est là quand le médecin explique au malade ou à la personne âgée son diagnostic, cela nous permettra de rassurer notre frère, en particulier en lui redisant ce que le médecin lui a dit. Évidemment, ce souci du respect de la Personne crée des contraintes : au Médecin d’avertir la Communauté OMI, et d’expliciter ensuite son diagnostic (ce qui n’était pas toujours fait, le diagnostic étant une affaire « médicale » et donc parfois réservée au staff médical de l’EHPAD), à la Communauté OMI de se tenir à la disposition des Médecins … qui passent quand ils peuvent.

Mais il y a plus encore. Je prends un exemple précis. Un de mes frères se plaint du dos et constate que les séances du kiné lui font le plus grand bien. Mais lorsque son docteur vient, il oublie de lui en parler. Donc pas de Kiné ! Il faut donc qu’une sorte de « mémoire » soit auprès de lui pour dire au Docteur ce que lui voudrait dire mais qu’il a oublié dans l’instant présent.

Mais il y a plus encore. Là aussi, je prends un exemple précis. Nous qui sommes à côté de lui, nous voyons qu’un de nos frères est entré dans un cycle de dénutrition- faiblesse extrême. N’est-il pas de notre responsabilité de lancer un signal d’alarme auprès du staff médical ?
Il a deux points importants à respecter :
  • du côté de la Communauté OMI : ne pas se substituer aux soignants, RESPECTER L’ACTE DE SOIN et les responsables de cet Acte ;
  • du côté des Soignants, comprendre que la Communauté OMI fait partie du BIEN ETRE global de l’OMI handicapé.
Apparemment, nous sommes la seule Communauté à poser ainsi le problème. Aussi, sur ces questions, j’ai vécu Mercredi après midi une rencontre avec le Directeur de l’EHPAD, le Docteur coordinateur et l’Infirmière coordonnatrice. Nous sommes arrivés à des décisions très concrètes :

je fournis au Médecin coordonateur la désignation des personnes de confiance des membres de notre Communauté.
En début de semaine, je fournis à l’infirmière un nom d’Oblat pour chaque jour : il se tiendra à la disposition des médecins pour leur rencontre avec nos frères les plus handicapés.
C’est un véritable chemin que tous ensemble nous inventons jour après jour. Avec la compétence et la bonne volonté de tous : du directeur au personnel soignant de base. Avec la solidarité active de notre Communauté OMI pour chacun de ses membres.

Vous voyez que cette phrase n’est pas de la théorie mais du concret-concret :

« Prendre au sérieux l’ACTE DE SOIN est important,
mais cela n’a de sens que si l’on choisit de
METTRE AU CENTRE LA PERSONNE SOIGNEE. »

Jean-Pierre BONNAFOUX omi

mercredi 4 août 2010

Marcel Ayrinhac et Fernand Estève, 75 ans de vie religieuse !

Le 26 juillet 1935, Marcel AYRINHAC et Fernand ESTEVE prononçaient leurs premiers voeux à à Notre Dame de Bon Secours (Ardèche). Pour célébrer cet anniversaire, une eucharistie a eu lieu à L'EHPAD le 26 juillet dernier à 17 h.

Seigneur tu nous appelles et nous allons vers Toi
Ta bonne nouvelle nous met le cœur en joie (bis)


Témoignage de Marcel Ayrinhac :

1935, 1ers voeux : comment j’allais parcourir cette nouvelle étape de ma vie ? Comment j’allais vivre avec les vœux de pauvreté, obéissance, chasteté, persévérance ? Les événements vont se charger de me le dire :
  • 1938 : La caserne
  • 1939 : La guerre
  • 1940 : Prisonnier
La pauvreté : dans mon mouchoir de poche
L’obéissance : marche ou crève
La chasteté : dans la promiscuité

Et cela pendant 5 années, 17792 jours !

Revenu à la vie normale, j’ai retrouvé la famille Oblate.
Merci aux OMI de Berlin STO
Merci aux Oblats de France – Sri Lanka – Laos

Aux moments difficiles j’ai rencontré de vrais frères qui m’ont aidé à tenir et à avancer malgré certaines difficultés. Je sais que je n’ai pas toujours un caractère facile, une voix qui frise la colère. Si j’ai pu faire de la peine, qu’on me pardonne !

La bouteille est à moitié pleine encore : Si Dieu le veut, à aller de l’avant vers
LES 80 ANS DE VIE RELIGIEUSE !


Témoignage de Fernand ESTEVE :

Pour moi je ne peux rien dire sans faire mention de mon frère Louis. Il avait un an et demi de moins que moi. Devenus orphelins par la mort de nos parents, pris en charge par les frères de notre maman, mis à l’orphelinat d’Annecy Sœurs de l’Immaculée Conception, Louis et moi, nous nous sommes suivis chez les Pères Oblats de Marie Immaculée à Sainte Foy-les-Lyons. Études secondaires, noviciat, scolasticat à Notre Dame de Lumières.

1937 : service militaire
Guerre, blessure, prisonnier. Évasion

25 mars (Annonciation) : je retrouve mon frère à Notre Dame de Lumières.
Nous avons fait nos vœux perpétuels le même jour et ordonnés prêtres ensemble en 1944. Mon frère est mort à Notre Dame de Lumières en 1998 à 80 ans. […]

J’ai surtout le souvenir des 32 ans passés en Corse, les plus belles années de ma vie de religieux prêtre. La Corse (que les grecs appelaient KALLISTE « la très belle ») ses habitants sont beaux et bons et accueillants et généreux. Liens familiaux très forts. Traditions chrétiennes bien gardées, surtout dans le rural, belles mélodies en latin pour les funérailles, sens de la musique vocale polyphonique. ET SURTOUT LA VIE EN COMMUNAUTE

Bref, Merci pour toutes les grâces reçues.

En Corse, à l’Eglise, le 31 Décembre vers 18h, a lieu une cérémonie appelée cérémonie du RIGRAZIAMENTU (« le rendre grâce »). Elle se déroule en trois parties :
  1. Pardon, Seigneur, pour les fautes de l’année passée
  2. 2.Merci, Seigneur, pour les grâces reçues, les joies
  3. Ton aide, Seigneur, pour l’année qui vient : PACE E SALUTE IN GRAZIA DI DIU
Pour nous deux, après 75 ans de vie religieuse, c'est la même démarche : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! » [Evangile du Jour] : Merci, Seigneur, de nous avoir choisis.
  • PARDON, Seigneur, pour nos manquements, nos ratés, nos péchés, nos écarts, les déceptions occasionnées par nos omissions.
  • saint Paul : « Le bien que je voulais faire, je ne l’ai pas fait ; et le mal que je ne voulais pas, je l’ai fait ! »
  • MERCI, Seigneur, pour les grâces reçues, pour le bien accompli grâce à toi, pour l’aide reçue dans nos communautés par nos frères et par les laïcs qui nous ont aidés, pour les amitiés nouées, pour la fidélité gardée
Nous étions 13 au noviciat en 1934/35, 12 Oblats et un prêtre diocésain. Dix sont aujourd'hui décédés. Le, 3 encore en vie, avec le Père Pélicier, nous sommes ici !

« Heureux les Anciens qui ont su tenir » [1ère lecture du jour]

Et maintenant, Seigneur, NOUS COMPTONS SUR TOI pour le temps qui nous reste à vivre. Paix et Santé de l’âme et du corps, ici à L’EHPAD Saint François d’Assise.
C’est sous la protection de ce Saint que toutes et tous, nous sommes placés ici. Qu’il nous donne la force d’y vivre ensemble dans l’entente et la charité les uns pour les autres.
Seigneur, avec Marie ta Mère et notre Mère, nous te le demandons !
Marie, mère de l’Eternelle Lumière, priez pour nous !

Donne-nous de partager
La foi qui est dans nos cœurs
Et fais-nous par ta bonté
Devenir meilleurs.

De l’avis général, une fête simple, familiale, joyeuse… qu’un petit jus de raisin (un peu trafiqué, certes !) a bien fini d’arroser !