dimanche 15 août 2010

Prendre soin de la Personne…. Dans sa totalité !

J’ai l’immense chance de participer au réseau Diocésain de la santé et du social. Ce qui m’a donné l’occasion d’entendre, de réfléchir, de débattre avec les Professeurs Thierry PHILIPP (président du Centre Léon Bérard, son discours au PS est un condensé de ce qu’il nous avait dit aux Assises Régionales Santé/Social) ; Jean Claude MOISDON (Ingénieur, École des Mines de Paris), Paul PERRIN (chef du PAM de chirurgie au Centre Hospitalier Lyon Sud) et plus récemment encore Ghislaine POYARD – BERGER (Psychologue du travail).

Je citerai simplement une phrase du Professeur PHILIP :

Confondre LE SOIN et LA SANTE
est une erreur catastrophique.

LA SANTE dépasse et englobe le SOIN

Pour moi, je le dirai de manière un peu différente :

Prendre au sérieux l’ACTE DE SOIN est important,
mais cela n’a de sens que si l’on choisit
de METTRE AU CENTRE LA PERSONNE SOIGNEE.

Discours théorique qui n’a rien à voir avec notre quotidien ?
Que Nenni !

Grâce à Pierre COURT, dès les années 2005, dans notre Province OMI, nous avons réfléchi sur les droits ouverts pour la personne âgée ou dépendante par la loi KOUCHNER. La « personne de confiance » est devenue dans nos communautés une réalité familière. Elle est inscrite dans la loi pour tout établissement de type hospitalier.

Ici, à l’EHPAD Saint François d’Assise, nous rencontrons très souvent la situation suivante. Un médecin libéral (médecin de référence) passe voir un de ses patients. Si celui-ci est handicapé, il peut très bien tout oublier : qu’il a reçu la visite du Docteur, ce que le Docteur lui a dit (ou ne lui a pas dit !) sur son état de santé, sur la programmation des soins et des visites médicales... D’où ensuite un possible refus de soins, parce que restés non compris. Si quelqu’un de proche (la famille, la famille OMI que nous sommes) est là quand le médecin explique au malade ou à la personne âgée son diagnostic, cela nous permettra de rassurer notre frère, en particulier en lui redisant ce que le médecin lui a dit. Évidemment, ce souci du respect de la Personne crée des contraintes : au Médecin d’avertir la Communauté OMI, et d’expliciter ensuite son diagnostic (ce qui n’était pas toujours fait, le diagnostic étant une affaire « médicale » et donc parfois réservée au staff médical de l’EHPAD), à la Communauté OMI de se tenir à la disposition des Médecins … qui passent quand ils peuvent.

Mais il y a plus encore. Je prends un exemple précis. Un de mes frères se plaint du dos et constate que les séances du kiné lui font le plus grand bien. Mais lorsque son docteur vient, il oublie de lui en parler. Donc pas de Kiné ! Il faut donc qu’une sorte de « mémoire » soit auprès de lui pour dire au Docteur ce que lui voudrait dire mais qu’il a oublié dans l’instant présent.

Mais il y a plus encore. Là aussi, je prends un exemple précis. Nous qui sommes à côté de lui, nous voyons qu’un de nos frères est entré dans un cycle de dénutrition- faiblesse extrême. N’est-il pas de notre responsabilité de lancer un signal d’alarme auprès du staff médical ?
Il a deux points importants à respecter :
  • du côté de la Communauté OMI : ne pas se substituer aux soignants, RESPECTER L’ACTE DE SOIN et les responsables de cet Acte ;
  • du côté des Soignants, comprendre que la Communauté OMI fait partie du BIEN ETRE global de l’OMI handicapé.
Apparemment, nous sommes la seule Communauté à poser ainsi le problème. Aussi, sur ces questions, j’ai vécu Mercredi après midi une rencontre avec le Directeur de l’EHPAD, le Docteur coordinateur et l’Infirmière coordonnatrice. Nous sommes arrivés à des décisions très concrètes :

je fournis au Médecin coordonateur la désignation des personnes de confiance des membres de notre Communauté.
En début de semaine, je fournis à l’infirmière un nom d’Oblat pour chaque jour : il se tiendra à la disposition des médecins pour leur rencontre avec nos frères les plus handicapés.
C’est un véritable chemin que tous ensemble nous inventons jour après jour. Avec la compétence et la bonne volonté de tous : du directeur au personnel soignant de base. Avec la solidarité active de notre Communauté OMI pour chacun de ses membres.

Vous voyez que cette phrase n’est pas de la théorie mais du concret-concret :

« Prendre au sérieux l’ACTE DE SOIN est important,
mais cela n’a de sens que si l’on choisit de
METTRE AU CENTRE LA PERSONNE SOIGNEE. »

Jean-Pierre BONNAFOUX omi

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