mardi 30 mars 2010

A vue de nez... A vue de coeur !


De Léon Cannelle

Le poète a perdu raison

Qui déclare avec Aragon
"Il n'y a pas d'amour heureux"

En effet, c'est bien l'amour fraternel qui prend place de plus en plus à Saint François d'Assise à la satisfaction de tous. La communauté oblate y est désormais au grand complet de ses vingt membres, pour le bonheur de tous. Certes, ayant connu chacun des itinéraires si riches et variés, l'étonnement est souvent grand de se trouver si loin de son ordinaire, difficile tout simplement d'accepter de se voir tout à coup inactif, de recevoir après avoir tant donné.

Oui, l'amour heureux cela existe, n'en déplaise à monsieur Aragon. Et quand on demande à chacun en particulier comment il se sent ici, en dépit des difficultés d'adaptation, les visages s'éclairent la réponse jaillit, unanime : tous disent le bonheur d'appartenir à cette jeune communauté si fraternelle. On apprend à se connaître. D'autres se reconnaissent après des années de séparation. Le bonheur, quoi ! si fort et si vrai, qu'il concerne aussi peu peu les quelques laïcs, prêtres et religieux non-oblats que nous côtoyons quotidiennement, ainsi que les nombreuses religieuses de Saint François d'Assise.

Nul doute qu'avec l'aide de Dieu et avec la bonne volonté (évidente!) de tous, une fondation si bien commencée progressera encore la satisfaction générale.
Léon CANNELLE

Et de Jean-Pierre BONNAFOUX

Non ! je lis bien : « signé LEON CANELLE» !

Je n’en crois pas mes yeux ! Voilà que l’humoriste de notre Communauté décrit notre Communauté comme LE PARADIS sur terre !

Je sais bien, Cher Léon, que tu as une vue un peu faible, mais quand même !

Tu te réjouis quand un boiteux pousse le fauteuil roulant d’un incapable de marcher trop longtemps, avec, à son bras , un aveugle ? D’accord avec toi, c’est un beau spectacle de fraternité… mais quand même !

Tu te réjouis quand un de nous se rend compte qu’il en manque un à table et le signale à une aide-soignante ? D’accord avec toi, c’est un beau spectacle de fraternité… mais quand même ! Cela signifie que l’autre, l’absent, a eu un problème…

Tu te réjouis quand un de nos frères capucins qui n’avait plus présidé une eucharistie depuis longtemps la préside parmi nous avec joie et foi ! D’accord avec toi, c’est un beau spectacle de fraternité… mais quand même ! Il y a aussi tous ceux qui sont là, qui concélèbrent mais ne sont plus en capacité de présider !

Et moi, j’ajouterai encore : Tu te réjouis quand un de nos frères oublie sa souffrance personnelle pour aider un de ses frères qui est encore plus en difficulté que lui ? D’accord avec toi, c’est un beau spectacle de fraternité… mais quand même !

Mais, en réfléchissant bien, tu as sans doute raison, cher Léon : le Paradis n’est pas là où il n’y a plus de souffrances, mais là où, au cœur des souffrances de chacun, il y a l’Amour fraternel, c’est-à-dire l’Amour tout simplement… au ras du quotidien !

Finalement, excuse-moi, mon cher Léon, tu n’as pas si mauvaise vue que cela… et surtout tu as un grand cœur !

Jean-Pierre BONNAFOUX

NOTE pour Bertrand EVELIN qui réalise ce blog (et j’en profite pour lui dire un grand MERCI) : Ne t’inquiète pas, il n’y a pas d’erreur ! Le premier texte est bien signé de Léon CANNELLE (et non Jean-Pierre BONNAFOUX), le second texte est bien signé de Jean-Pierre BONNAFOUX (et non Léon CANNELLE) !

2 commentaires:

Christine a dit…

Ce que vous décrivez de votre vie en communauté, nous tentons tant bien que mal de le vivre aussi dans notre quotidien. Quand l'autre n'est plus obligatoirement de "trop", quand nous nous acceptons et soutenons les uns les autres malgré toutes nos limites, nos souffrances et nos insuffisances,ce n'est effectivement pas le Paradis. Mais cela en donne un aperçu.....

Unknown a dit…

Jean Pierre,

En lisant ton texte de réponse à Monsieur Léon Cannelle, celui-ci fait écho en moi avec le message de Pâques : « La vraie Vie, la vraie Joie se trouvent quand l’Amour est au cœur de la souffrance ».
En lisant ce passage, deux réflexions viennent à moi :

La première est « Pourquoi l’Amour….. Parce que la souffrance ». Tout d’abord, j’en déduis, un peu amer, que l’Amour n’est finalement que le produit de la souffrance. L’Amour serait le fruit de la souffrance et n’existerait donc pas en soi. L’Amour n’aurait pas d’entité propre et la recherche inlassable de l’Homme vers l’Amour ne serait qu’un mirage, qu’illusion vaine. La recherche de celui-ci passerait donc plutôt par la compréhension de la souffrance. Et la vision d’un monde parfait rempli d’Amour existerait bel et bien et serait donc notre monde rempli de la souffrance des Hommes. Pour l’Homme, je pense que c’est une réalité, son quotidien. C’est une notion particulièrement difficile à accepter et l’Homme ne rechercherait’ il pas par toutes sortes de moyens à s’en voiler la face. Néanmoins, le quotidien nous le rappelle sans cesse. Ne dis t’on pas : « le malheur des uns fait le bonheur des autres ». Notre monde est souffrance. Un monde sans souffrance serait alors un monde privé d’Amour. Le déni de cette existence faite de souffrance est aveugle mais la conscience de cet état est un pas de plus vers l’Amour.

Ma deuxième réflexion est donc forcément le contraire de la précédente : « Pourquoi la souffrance….. Parce que l’Amour ».
L’Amour serait alors la réponse à la souffrance, comme peut l’être un traitement à une maladie. Et l’Homme aurait donc besoin de cette souffrance pour en faire naître l’Amour. L’Homme serait incapable de voir, de rencontrer, de prendre conscience de cet Amour sans cette souffrance. La souffrance serait alors tout naturellement le signal d’alerte que l’Homme s’éloigne de cet Amour. L’Homme, au grès des plaisirs, de l’insouciance, de l’égoïsme, divaguerait dans ce monde consumériste, oubliant parfois de se poser la question du but, du sens de son existence. La souffrance serait donc là, vigilante, elle serait le rappel qui ramènerait l’Homme vers l’essentiel, vers le « cœur » de l’Homme, et donc vers l’Amour. Je verrais donc la souffrance comme le guide vers l’Amour, de l’Homme égaré. L’Homme sage, en prise directe avec la « vraie vie » (Jésus ?) serait exposé mais en même temps à l’abri de cette souffrance. Il côtoie celle des Hommes, il les aide à retrouver le chemin de l’Amour et n’a donc pas besoin de cette souffrance, qu’il ne ressent finalement pas puisqu’il n’est qu’Amour.

Je suis désolé pour ce discours loin d’un propos « religieux » mais je suis sûr que quelqu’un pourra m’apporter une vision chrétienne de mes réflexions……
Merci. Grégory